Swissbau 2022 : quelle architecture pour un net zéro ?

La manifestation co-organisée par le SNBS Bâtiment, intitulée « Quelle architecture faut-il pour atteindre le zéro net ? », a montré à quel point ce thème constitue un défi pour le secteur suisse de la construction. A quoi les architectes doivent-ils veiller lors de la conception et de l’exploitation des bâtiments pour atteindre le zéro net ? Faut-il davantage de développement interne et de densification ? La construction avec des labels est-elle la clé ? Six experts ont présenté différentes solutions.

C’est le but du net-zéro

Dans le premier exposé, Andrea Klinge, de la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse (FHNW), a donné une vue d’ensemble sur la question de savoir de quoi il s’agissait dans le cas du « net zero ». Elle a montré que le secteur de la construction est à l’origine de nombreuses émissions grises de gaz à effet de serre, auxquelles s’ajoutent d’autres émissions lors de l’exploitation. Klinge a demandé que l’accent soit mis sur la rénovation des bâtiments existants : « Dans toute l’Europe, le taux de rénovation est inférieur à 1 pour cent – nous atteignons ainsi le zéro net beaucoup trop tard ». Klinge a proposé de planifier davantage en fonction du cycle de vie afin de réduire l’énergie grise. En outre, les matériauxà forte émission de CO2 ne devraient être utilisés que là où aucune substitution n’est possible. Et elle a plaidé pour que, dans la mesure du possible, les bâtiments soient rénovés plutôt que démolis.

Zéro net d’ici 2030 ?

Avec l’architecte Jakob Schneider, c’est un membre de « Countdown 2030 » qui est monté sur le podium en tant que deuxième intervenant. Cette association s’engage à mettre en œuvre avec détermination des mesures contre le changement climatique au cours de cette décennie. Pour ce faire, Countdown 2030 a conçu des cartes postales dites « à levier ». « Ils donnent un aperçu concis des mesures les plus efficaces pour la construction durable », a expliqué Schneider. Il a par ailleurs appelé à la mise en place de nouvelles conditions-cadres dans différents domaines afin de réduire les émissions dans le secteur de la construction – une culture de la construction de haut niveau par exemple, car de beaux bâtiments dureraient plus longtemps. Selon Schneider, il serait également important de réduire la surface nécessaire par personne, qui est actuellement de 46 mètres carrés en Suisse.

La maison sans chauffage

Lorsqu’un bâtiment n’a pas besoin d’énergie pour le chauffage, cela contribue considérablement à la réduction des émissions. L’architecte Heinrich Degelo y est parvenu en collaboration avec la coopérative « Homebase ». Ils ont réalisé à Bâle ce qu’ils appellent une « maison sans chauffage » qui, grâce à des murs extérieurs épais, possède une masse d’accumulation thermique suffisante pour pouvoir se passer de chauffage. « L’apport solaire ainsi que la chaleur dégagée par les utilisateurs et les appareils électroniques permettent de maintenir une température d’au moins 20 degrés Celsius en permanence, même en hiver », a expliqué M. Degelo au sujet du concept. Le bâtiment atteint ainsi un bilan net nul en termes d’énergie de chauffage, mais pas en termes d’énergie grise, car le béton est utilisé comme masse de stockage.

Construire plus avec du bois

Hansueli Schmid a fourni une autre approche sur la manière d’atteindre le zéro net dans le secteur de la construction. Le chef de projet de l’association professionnelle Lignum a demandé de réfléchir de manière plus critique à l’utilisation de matériaux à fortes émissions comme le béton et de miser davantage sur le bois à la place. Selon lui, la ressource renouvelable est circulaire par nature. « Cependant, le bois est aujourd’hui trop souvent simplement brûlé au lieu d’être utilisé comme matériau de construction ». Selon Schmid, il serait plus judicieux d’utiliser le bois comme matériau le plus longtemps possible et de ne le recycler thermiquement que lorsqu’il ne peut plus être utilisé. Les algorithmes peuvent être une aide pour les architectes. Lignum a développé, en collaboration avec la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse, des outils permettant d’évaluer quel est le rapport entre les matériaux renouvelables et les matériaux non renouvelables dans un projet de construction.

Quelle est la contribution des labels ?

Selon Andreas Meyer Primavesi, directeur de Minergie et du CECB, les labels et les normes offrent avant tout une orientation en matière de zéro net. « En Suisse, environ 25 000 bâtiments sont construits chaque année selon un label. Les maîtres d’ouvrage ont confiance dans le fait qu’ils font ainsi les choses correctement ». Les bâtiments construits avec un label sont en outre de bons exemples ayant valeur de modèle pour d’autres projets. Meyer Primavesi s’est prononcé en faveur de l’attention portée à la fois à la construction et à l’exploitation, car il faut partout économiser le plus d’émissions possible. Mais il est également clair que cela conduit parfois à des conflits d’objectifs.

Intégrer le photovoltaïque

L’exposé final a été tenu par Jürg Dietrich, responsable climat et énergie à la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA). Au vu des 900 000 chauffages fossiles qui doivent être remplacés en Suisse, il a appelé à une orientation conséquente vers le photovoltaïque. « Les modules solaires doivent devenir la norme dans les projets de construction, et les architectes sont appelés à intégrer le photovoltaïque dans leurs concepts ». Parallèlement, les professionnels doivent faire preuve de créativité avec l’existant et réutiliser les constructions existantes dans la mesure du possible. Dietrich a en outre plaidé pour une plus grande prise de conscience concernant les émissions grises – celles-ci ont été traitées en parent pauvre et trop peu prises en compte jusqu’à présent.

Présentation

En quoi consiste le « net-zéro » ?
Andrea Klinge, INEB

Données du projet

Date

03.05.2022

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